mercredi 28 novembre 2012

TNT : les petites nouvelles (partie 2)

Après vous voir présenté les nouvelles chaines de la TNT qui débarqueront le 12 décembre, voici un petit panorama des préoccupations actuelles du PAF en réaction.


Le partage des audiences

A qui les nouvelles chaines prendront-elles des points d'audience ? Il s'agit de la grande question actuelle. Aujourd'hui face à l'éclatement des audiences, il devient difficile pour les chaînes de prétendre à des parts d'audience conséquentes. Cela est très inquiétant puisque les audiences régissent le prix des écrans publicitaires des chaines. Elles sont donc majoritairement sur les dents à l'arrivée de 6 nouvelles.

Fabrice Mollier, président de HD1, a relevé que dans les autres pays européens, « la cannibalisation se fait plutôt intra-TNT que par rapport aux chaînes historiques ». Voilà qui devrait rassurer les chaines historiques...

Alain Weill, patron de RMC Découverte, a une autre vision du futur. Selon lui « L'arrivée des nouvelles chaînes va dynamiser le secteur et faire venir de nouveaux annonceurs qui n'ont pas les moyens d'aller sur les grandes chaînes », a t-il déclaré lors de la conférence de presse pour la présentation de la chaine.


La télévision reste le média préféré des annonceurs, devant le web qui grignotte petit à petit les parts de marché. L'émergence de nouvelles chaines de TV va certainement bouleverser l'état actuel des choses, mais il est difficile de prévoir comment.


 

Les coûts de diffusion  

Le patron de TF1, Nonce Paolini, est venu briser l'élan d'enthousiasme du lancement des 6 nouvelles chaines de la TNT. "Pendant que le bateau prend l'eau, l'orchestre joue. Je ne connais pas les audiences futures de ces chaînes que j'espère les meilleures possible. Ce dont je suis certain, c'est qu'elles vont perdre de l'argent pendant longtemps. Je ne suis pas sûr que cela soit un progrès industriel et économique !", a-t-il lancé.

Selon lui, le marché publicitaire en berne ne peut pas financer 25 chaînes gratuites. Même la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, semble d'accord. "Vous avez laissé six nouvelles chaînes sur la TNT qui vont diluer la publicité, héritage que nous sommes aujourd'hui dans l'obligation d'assumer, l'Etat de droit ne nous permettant pas de revenir sur cette décision", a-t-elle lancé aux députés UMP, la semaine dernière à l'Assemblée nationale.
Selon Olivier Huart, directeur général de TDF, des tests réalisés récemment montrent par ailleurs qu'il y a techniquement de la place pour deux nouvelles chaînes sur la TNT. Probablement pour des déclinaisons en haute définition de chaînes existantes. Les chaînes se partageant les coûts de diffusion, cela permettrait d'alléger la facture pour chacune d'entre elles. Les nouvelles chaînes vont en effet devoir assumer des coûts de diffusion importants, d'environ 10 millions d'euros par an, lorsqu'elles couvriront tout le territoire en 2014. Ont-elles toutes les reins assez solides ?

TNT : les petites nouvelles (partie 1)

Le 12 décembre seront lancées les six nouvelles chaînes de la TNT : HD1, 6Ter, Numéro 23, Chérie 25, L'Equipe 21 et RMC Découverte. Petite présentation des chaines...
 
HD1 : la nouvelle chaîne de la fiction et du cinéma

HD1 sera la chaîne du cinéma, des séries et de la fiction française. Avec pour objectif de "raconter des hitoires, partager des émotions". Pour Nonce Paolini, elle est "la chaîne de toutes les histoires et de toutes les narrations". Au programme, du cinéma avec près de 250 films par an, trois soirées cinéma par semaine. Parmi les films proposés, il y aura des inédits comme Les noces rebelles, In the Air, Gone Baby Gone ainsi que quelques incontournables tel que Closer: entre adultes consentants, A la folie... pas du tout, 36 Quai des Orfèvres ou Le Goût des autres.

La quatrième chaîne du groupe TF1 se consacrera beaucoup à la fiction française, trois soirées par semaine : une soirée thriller-policière, une autre consacrée à la comédie et une troisième soirée spéciale série.

En journée, des programmes phares seront diffusés comme Brothers & Sisters, Julie Lescaut ou Le journal de Meg. En access, place à l'humour avec des "short series" quotidiennes comme Fritkot, qualifié de "Caméra Café à la sauce belge" avec pour décor une friterie !

La chaîne aura également son propre magazine intitulé Clap. Il s'agit de 20 minutes dédiées à l'actualité du cinéma, des séries américaines et de la fiction française.

Le coeur de cible d'HD1sera les 25-59 ans. La chaîne mise sur un public plutôt féminin en journée, mixte en soirée à tendance CSP +.
Numéro 23 : la chaîne TNT de la diversité

Numéro 23 c'est du divertissement, du magazine d'enquête et du talk-show, chaque domaine incarné par un visage "différent", et une bonne dose de fictions, dont certaines inédites. 

 il y aura une série sur les handicapés, une autre sur les enfants malades, et les trois animateurs (car ils ne sont que trois) sont d'origines différentes... mais après ? La diversité semble surtout être un argument pour proposer une chaîne variée, pour ne pas dire fourre-tout. Nous aurons donc

La star de Numéro 23 est Christophe Hondelatte. L'animateur proposera un prime le dimanche, Hondelatte Dimanche, une émission de débat durant laquelle il s'interrogera sur un phénomène de société entouré de chroniqueurs et d'invités. Le mot d'ordre : ne s'interdire aucun sujet ! Chaque semaine et toujours en première partie de soirée, Yasmine Oughlis proposera Révélations, un magazine d'enquête illustré par des reportages et des interviews sur le terrain. Pour ce qui est du divertissement, Numéro 23 a acheté les émissions américaines X Factor USA et America's Best Dance Crew qui seront lancées par Théo Phan (ex chroniqueur de Vivement Dimanche).

Côtés fictions, la chaine annonce deux "coups de coeur" : la série espagnole Les Bracelets Rouges sur le quotidien d'enfants malades à l'hôpital, et Push Girls, "les Desperate Housewives dans le monde d'Intouchables". Programme-tv.net qualifie la série de "docu soap qui suit de jeunes femmes américaines en fauteuil roulant". A(re)voir également Community et Shameless, ainsi que la série fantastique Lost Girl. 

 

Chérie 25 : La nouvelle chaîne des femmes
 
Son slogan : "La chaîne qui a tout pour elles" clame haut et fort sa volonté de plaire à un public féminin.
: voilà le slogan de Chérie 25, la nouvelle chaîne de la TNT destinée à un public féminin.La nouvelle chaine du groupe NRJ propose quatre émissions inédites, toutes animées par des femmes, composeront les programmes phares de Chérie 25 :

- Sans Tabou : Un talk show hebdomadaire de 52 minutes présenté par Véronique Mounier et chargé de prolonger le débat après la diffusion d'un document. A chaque fois des témoins viendront partager leur expérience autour d'un fait de société, épaulés par des experts sur le sujet.

- 10 ans de moins : Une quotidienne de 52 minutes dans laquelle Marie Fugain montrera comment être moderne et rester jeune dans sa tête. L'actrice sera épaulée par de nombreux chroniqueurs dont Zazon et Francesca Antoniotti (vue dans la Star Ac' 4).

- 99% Plaisir : Sophie Brafman proposera une hebdomadaire sur l'art de vivre. L' animatrice a auparavant travaillé sur Les Maternelles pour France 5, C'est au programme pour France 2, ou encore la chaîne féminine payante Téva. Elle connaît bien sa cible !

- Si vous voulez mon avis : Passionnée de cinéma, Isabelle Motrot va vous faire partager au quotidiens ses coups de coeur culturels. Livres, expo, films et musique, cette journaliste passée notamment sur France 2 dans On a tout essayé et sur Europe 1 dans On va s'gêner va donner son avis sur tout et sans langue de bois.


Chérie 25 proposera également des documents et fictions qui s'intéressent à toutes les femmes. Par exemple la série documentaire Ma vie de femme criminelle dans laquelle Karine Duchochois recueillera les témoignages de celles qui ont donné la mort. A voir également Tout le plaisir est pour moi pour en savoir un peu plus sur le plaisir féminin et Ma vie de femme d'ailleurs pour découvrir des femmes d'autres pays.

Concernant les séries, on pourra voir Dos au mur, une fiction autour d'une femme flic (Anne Caillon) qui tente de conjuguer sa vie professionnelle et personnelle, et la fiction courte Roxane, la vie sexuelle de ma pote. 


6ter, la chaîne familiale du groupe M6
 
6ter ("sister") est une chaîne généraliste qui se veut familiale. Son objectif est de réunir toute les générations devant la télévision. Sa ligne éditoriale est basée sur la fiction et la découverte.

Deux grandes soirées cinéma seront proposées chaque semaine "Des grands films, des films tout public, qu'on partage", promet la chaîne. Parmi les premiers long-métrages qui seront diffusés : Slumdog millionaire, Hulk et Là-Haut.

Côté séries, les téléspectateurs auront le choix entre Super Hero Family (une série avec Michael Chiklis qui a joué dans The Shield et Julie Benz que l'on a vue dans Dexter), Raising Hope et Switched.

Il y aura également un rendez-vous hebdomadaire proposé par Mac Lesggy, monsieur E=M6, intitulé Xplora, une émission quotidienne intitulée Bien chez vous (une journaliste se rend sur le terrain pour rencontrer des gens ordinaires dans leur vie quotidienne), un programme de deuxième partie de soirée intitulé Secrets de fabrication, qui donnera les secrets de fabrication des produits du quotidien, ainsi qu'une émission proposée par Norbert et Jean (ex Top Chef) qui relèveront chaque semaine un défi chez un téléspectateur.

  

L'Équipe 21 : La première chaîne de sport gratuite sur la TNT 

Anciennement L'Équipe HD, la nouvelle chaîne de la TNT du groupe Amaury sera finalement appelée L'Équipe 21. Elle mise sur un message fort:  "La première chaîne 100% sport, 100% gratuite".

La chaîne se positionne sur trois axes forts : l'info, les magazines et documentaires et les évènements sportifs avec l'objectif de "faire vivre le sport en direct".

Du lundi au vendredi, L'Équipe du matin ouvrira la journée avec Julie Raynaud, déjà vue comme chroniqueuse sur CFoot ou comme animatrice sur France 2, et David Vengerder. A l'heure du déjeuner, on abordera l'actu dans Menu Sport, avant de s'intéresser aux courses hippiques. Dès 19 heures, Gaëlle Millon proposera Le Grand tour. L'occasion de revenir sur l'actu en régions. A partir de 19h45, place au foot. Enfin, L'Équipe du Soir fera une analyse des faits du jour.

Le week-end, les téléspectateurs pourront regarder Le Grand Tour l’Equipe spécial week-end, de 17h à 22h30.

Côté mags et docu, il y aura Les Grands docs qui reviendront sur les carrières des sportifs, chaque dimanche à 14h. Une semaine de sport reviendra en 70 minutes sur les faits et les acteurs marquants de l'actu. La chaîne proposera également des magazines courts comme Tous passionnés, Le journal du golf ou encore Adrénaline.

L'Équipe 21 proposera également des évènements en direct comme la cérémonie du Champion des Champions, le 12 décembre ou celle du Ballon d'or le 7 janvier 2013.


RMC Découverte : La nouvelle chaîne documentaire

Le genre documentaire est actuellement absent de la TNT. RMC Découverte se veut innovante et "plus forte que la fiction" dans ce domaine.

Lancée par le groupe NextRadioTV, la chaine souhaite proposer une grille simple et lisible par tous. Les soirées seront ainsi thématisées. Cinq grands thèmes seront proposés aux téléspectateurs, fédérant toute la famille. Presque 80% des programmes seront inédits en télévision gratuite, achetés à National Geographic, BBC et Discovery.

Pour identifier les programmes, RMC Découverte met en place un concept original. Chaque thématique sera identifiée par une couleur. Le logo de la chaîne changera ainsi de couleur selon la thématique du programme diffusé. Les thématiques sont les usivantes : Aventures et animaux, Sciences Populaires & Technologies , Histoire & Investigations, Real Life et Voyages & Art de vivre

La chaîne proposera aussi de l'information avec un rendez-vous baptisé 7 Jours dans le monde, une émission produite par la chaîne en collaboration avec BFM TV.
Karl Zéro animera une émission sur les coulisses des faits divers et des grands évènements politiques. Taïg Khris, quant à lui, sera le personnage central d'une série documentaire où il affrontera de nombreux défis.

sources : AFP, Les échos, programme-tv.net, L'express, ...

lundi 26 novembre 2012

Critique : Iron man 1 et 2

Maintenant que je fais un MBA d'audiovisuel, j'ai un cours merveilleux ! C'est un cours de script-doctoring et franchement, c'est une tuerie ! Avant, je savais que j'aimais un film (ou pas) et je le jugeais avec l'instinct du novice. Maintenant, en plus de ce ressenti très personnel, j'acquiers les compétences pour décortiquer et analyser le scénario, pendant que je regarde le film ! C'est très constructif, et je m'amuse comme une petite folle.

La semaine dernière j'ai regardé deux films que je n'avais pas pu voir avant. Ne me demandez pas pourquoi ils avaient réussi à passer entre les mailles de mon filet de fan de gros blockbusters US bourrins... Quoi qu'il en soit, j'ai regardé Iron Man et Iron Man 2 (dernières versions) dans la même soirée.


Fiche du film - Iron man :

Date de sortie : 30 avril 2008
Durée : 2h5min 
Nationalité : Américain
Réalisé par Jon Favreau

Avec : Robert Downey Jr. , Terrence Howard, Gwyneth Paltrow
Genre : Fantastique, Action

Synopsis :

Tony Stark, inventeur de génie, vendeur d'armes et playboy milliardaire, est kidnappé en Aghanistan. Forcé par ses ravisseurs de fabriquer une arme redoutable, il construit en secret une armure high-tech révolutionnaire qu'il utilise pour s'échapper. Comprenant la puissance de cette armure, il décide de l'améliorer et de l'utiliser pour faire régner la justice et protéger les innocents. 
 

Critique : Les blockbusters, ça a souvent du bon.
Je connaissais l'univers d'Iron man pour avoir vu le personnage évoluer dans The Avengers, avec sa super secrétaire canon en minishort (Gwyneth) et la bombasse rousse hyper mystérieuse (Scarlett). Découvrir le début de la légende m'a fait plaisir, j'ai aimé le traitement du personnage et le fait que malgré les épreuves il reste bourré de confiance en lui, d'arrogance et d'humour. Je-m'en-foutiste jusqu'au bout des ongles, et pourtant... 

Bon, les ficelles sont grosses, c'est un fait. Tout est là : l'intouchable qui se fait enlever, la personne qui meurt pour lui sauver la vie, ce sentiment de dette éternelle, la menace constante de mourir, l'envie de faire le bien pour se racheter, le patriotisme à outrance, la trahison de son père de substitution, le concurrent jaloux, etc. jusqu'à la Happy end !

Alors ok, le scenario n'est pas très subtil, le riche génie mégalo qui veut "privatiser la paix mondiale" suite à une prise de conscience douloureuse, c'est réchauffé, mais quand même. Ca en jette, visuellement j'entends, et la réalisation est très bien ficelée, portée par de bons acteurs.
J'ai adoré :

- Robert Downey Jr. (Rob' pour les intimes. A ne pas confondre avec ce blanc bec de Pattinson que je ne peux pas me blairer en peinture depuis le massacre Twilight). Je l'aime. C'est définitif. Dans Sherlock Holmes (qui est quand même mon number one hero depuis l'enfance, sur le même plan que Arsène Lupin et Zorro, il faut que vous le sachiez), il est fantastique, juste arrogant et paumé comme il faut. Dans Iron man, il est tout aussi parfait. Le génie lui va bien !

- Gwyneth, époustoufflante en assistante du taré qui essaye tant bien que mal de garder le cap et de ne pas céder aux avances de Rob'. Très compliqué, j'en conviens. Mais qu'est ce qu'elle est belle, en plus, cette femme ...
- L'armure. Sérieusement, c'est juste le paradis ce truc. Bon, après on aime ou pas la carosserie très Transformers et l'arsenal militaire intégré, mais rien que de pouvoir voler dans autre chose qu'un avion de ligne, j'adorerais !

- L'ordinateur intelligent et tellement attachant, Jarvis. Même s'il calcule souvent que Rob' a moins de 5% de chances de sortir vivant des emm***es dans lesquelles il se fourre allègrement jusqu'au cou, c'est un de mes protagonistes préférés dans l'histoire. Cette intelligence artificielle personnalise la machine, et donne une dimension "humaine" à la technologie présente tout au long du film. J'en veux un pour m'aider avec mes recettes de cuisine et le ménage à la maison ... pour Noël ?!

Les opérateurs passent à la TV !

Les opérateurs vous connaissez ? 


C'est LA web-série du moment ! Web-série mais pas que, puisque France 4 la diffuse actuellement à la TV après une première diffusion Web qui a fait une audience de folie ! Les 10 épisodes de la série ont totalisé (jusqu' ici) plus de 700 000 vues sur Dailymotion, un record !

Les 5 premiers épisodes ont été diffusés sur France 4 la semaine dernière, de lundi à vendredi à 20h30. Si vous les avez ratés (ou pas), vous pouvez les voir et les revoir sur dailymotion ici . Les 5 derniers seront diffusés à partir de ce soir, toujours à 20h30 !

Je vous conseille cette série pour tout un tas de raisons. Déjà parce que je connais les personnes qui l'ont produite et que je peux vous dire qu'il y a un boulot monstrueux derrière (je suis admirative), ensuite parce que c'est rare qu'on ait en France des programmes aussi audacieux. L'inventivité du scénario compense le budget réduit, et ça marche, la preuve ! Encourageons ces jeunes qui prennent des initiatives, qui savent se mettre en danger pour nous proposer des programmes originaux. ENFIN !


Les opérateurs, c'est l'histoire de Slim, qui débarque dans une grosse boîte et doit partager son bureau avec sa nouvelle collègue, Fran. Plein d'entrain et motivé, Slim comprend vite qu'en réalité, personne dans cette boite ne sait en quoi consiste son poste, ni même les activités de la société ! "Opérateur référent", "Référent opérationnel", voilà les intitulés des postes ! Las de remplir des colonnes de chiffres sans queue ni tête, Slim et Fran décident de prendre les choses en main et entendent bien trouver ce que fabrique cette société, avec ou sans l'aide de Charles, leur N+1 option sourire corporate et sympathie hypocrite ! 

En bref, Les opérateurs critiquent avec humour et légèreté la bêtise de notre société actuelle, coincée dans une bureaucratie absurde et aliénante. Et les acteurs sont bons. Oui, je vous jure.

Inutile de répéter que c'est une série que je vous conseille ... si ?

Web-série écrite et réalisée par François Descraques et Slimane Baptiste Berhoun
Avec Slimane-Baptiste Berhoun, Sabine Perraud, Nicolas-Wenceslas Berno, Sandra Lou, Davy Mourier
Produit par Taronja Prod, Barjac production et FTV Nouvelles écritures


jeudi 15 novembre 2012

Quand la Scripted Reality divise la France...

La "scripted reality". Inconnu il y a quelques mois à peine, ce mot envahit progressivement toutes les bouches. Dans cette crise de genre, chacun essaye de se faire entendre et de défendre ses intérêts. Ce type de programme, nouveau en France et qui déchaine les passions, sera étudié très prochainement par le CSA. Retour sur la polémique de la semaine.

La "scripted reality" : Kézako ?

La fiction du réel (“scripted reality”), est un format hybride qui se produit pour des coûts bien plus bas que la majorité des programmes actuels. C'est un format rentable qui allie fiction, magazine et téléréalité. Les programmes de scripted reality inondent les chaînes françaises, suscitant une grande inquiétude chez les producteurs et scénaristes qui dénoncent leur manque de qualité. Les plus connus sont Le jour où tout a basculé sur France 2, Au nom de la vérité sur TF1, Si près de chez vous sur France 3, Face au doute sur M6, ... En bref, la “scripted reality” fait aujourd'hui partie du programme quotidien d’une grande partie des chaînes publiques et privées. Le concept basique: des faits réels ou divers sont joués par des comédiens.

Scripted, fiction or not fiction ? De gros enjeux ...

La grande question est la suivante : ce format peut-il être considéré comme étant de la fiction? Si oui, il pourrait entrer dans les quotas de fictions des chaînes et bénéficier de l’aide à la production du CNC. Certaines chaînes ont déjà commencé à les présenter au CSA en tant que fiction, afin de remplir leurs quotas imposés. Cela inquiète les professionnels de la fiction qui craignent que ce nouveau format bon marché n’entraîne une baisse de la production d’oeuvres patrimoniales (fiction, documentaire, dessins animés…).

Comme beaucoup d'autres acteurs du secteur, Guillaume Prieur, directeur des affaires institutionnelles et européennes de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) réclame une “vraie réflexion pour savoir si effectivement il s’agit de fiction”.

Les acteurs du secteur pour l'accession de la scripted au rang de fiction

- Françoise Laborde, membre du CSA, a déclenché un tolé chez les professionnels de la fiction en se déclarant favorable à l'accession de la scripted au rang de fiction.“Dans la mesure où il y a un décor, un scénario, un réalisateur et des acteurs, il nous est apparu que la scripted reality pouvait s’assimiler à de la fiction, et nous avons estimé que ce genre pouvait effectivement entrer dans les obligations des chaînes”, a-t-elle déclaré mi-octobre à Satellifax
- Julien Courbet, pionnier du genre et producteur de Le jour où tout a basculé, met en avant les économies réalisées à la production et l'opportunité d'emploi dans une France en crise dans une interview récente pour Le Point: "je voudrais la convaincre des bienfaits de ce nouveau mode narratif à bas coût au moment où France 2 doit faire 20 millions d'euros d'économies sur sa grille de programmes l'an prochain. Avec Le jour où tout a basculé, ma société de production a délivré 21 000 bulletins de paie journaliers depuis un an et demi ! On fait travailler 1 700 comédiens, une équipe de 30 auteurs et autant de réalisateurs. C'est un vivier pour l'avenir ! Mieux vaut produire français que de faire un chèque aux Allemands ! Car si on supprime Le jour où tout a basculé, France 2 remettra à l'antenne des fictions allemandes comme avant."
- Nonce Paolini, patron du groupe TF1 ne comprend pas bien le débat "Il n'y a qu'en France qu'on se pose cette question. Il n'y a pas un autre pays au monde où on se pose cette question, puisque des producteurs en vivent, des acteurs, souvent de jeunes acteurs y montrent leur talent, de jeunes auteurs peuvent s'exercer à l'exercice audiovisuel et par ailleurs le public semble y trouver un intérêt. Ici, c'est un débat. On est en train de perdre du temps alors que ce sont des objets audiovisuels qui méritent d'entrer dans la catégorie fiction

Les acteurs du secteur contre l'accession de la scripted au rang de fiction

À l’opposé, ces programmes ne sont pas du tout du goût des producteurs de fiction, qui craignent que les chaînes ne réduisent du coup leurs commandes d’œuvres patrimoniales (fiction, documentaire, dessins animés…)

- Aurélie Filippetti, la ministre de la Culture, est également contre ce genre. Au cours d'une émission sur France Inter, elle s'est prononcée pour la suppression des programmes de scripted sur France Télévisions. "La scripted reality n'a pas sa place sur le service public. Ma priorité c'est de définir une télévision de service public qui soit la meilleure pour les Français. On est dans une offre audiovisuelle avec une multiplication des chaînes. Les gens ne peuvent plus se répérer (...) La scripted reality n'est pas un type d'émissions de qualité qui correspond aux objectifs du service public"
- Juliette Prissard-Eltejaye, déléguée générale du Syndicat des producteurs indépendants (SPI) : “Nous ne considérons pas la scripted reality comme une oeuvre patrimoniale. Les chaînes utilisent tous les codes de la téléréalité et du reportage, tout en l’habillant en fiction pour la faire rentrer dans les quotas”

Guillaume Prieur, directeur des affaires institutionnelles et européennes de la SACD est également contre la catégorisation de la scripted comme fiction. “Si c’est le cas, il faut fixer des règles minimales en terme de création et de rémunération. On voit des rémunérations de scénarios choquantes, en deçà de ce qui peut exister dans la fiction. On n’est pas loin de l’exploitation sur certains programmes”. Pour lui, considérer la “scripted reality” comme une fiction risque de “briser le retour en force des séries et unitaires de fiction française”.

Délibérations du CSA
L'appartenance de la scripted à la catégorie des oeuvres audiovisuelles est en réalité d'une question de gros sous puisque ces dernières ont droit à une aide financière du CNC. Il s'agit également d'une rivalité entre les producteurs de fiction (habituels producteurs des oeuvres audiovisuelles) et les producteurs de flux qui produisent ces programmes de scripted reality.

Pour arbitrer le débat et faire face à l’inquiétude du secteur, le CSA a décidé d’organiser en novembre des auditions de scénaristes, producteurs et chaînes TV pour “s’informer des préoccupations des uns et des autres”Les auditions démarreront le 19 novembre et se termineront début décembre. Elles seront menées par Francine Mariani-Ducray et Françoise Laborde, respectivement présidente et vice-présidente de la commission production audiovisuelle au CSA.“Nous ne nous prononçons jamais sur la qualité des oeuvres”, a toutefois prévenu Francine Mariani-Ducray.


Sources : TVobs.com, AFP, L Croix, Ozap, Lepoint.fr 

mercredi 14 novembre 2012

Smash : New love !


Je sais, je sais, j'ai du retard ... Je sais même que ça a déjà été diffusé sur TF1 au début de l'été et que ça a fait un méga gros plouf ... TF1 quatrième en termes d'audience pour un prime, c'est pas souvent et ça se remarque. 

Du coup cette serie américaine produite par Steven Spielberg (quand même) n'a pas été diffusée en entier en France. Et c'est un tort !

Personnellement, ça m'a plutôt plu. Bon, je suis certainement dans la cible : jeune, femme, j'aime les séries TV US et le monde de la comédie musicale me fait un peu rêver (surtout après Burlesque, j'avoue !) Mais néanmoins j'ai trouvé que cette première saison avait un charme certain.

Déjà c'est addictif. J'ai avalé les 15 épisode en moins de 3 jours. L'histoire est simple mais efficace, on nous présente les tribulations d'une équipe complète d'artistes et de producteurs qui veulent monter une comédie musicale sur Marilyn Monroe. De trahison en rebondissements, on observe d'un oeil voyeur les espoirs et les manipulations, les négociations et les chantages, les joies et les déceptions de chaque personnage qui a une problématique personnelle très marquée.

C'est parfois un peu (beaucoup) cliché, je vous l'accorde. Miss Iowa qui débarque pour être une star, la demi-célébrité qui rêve d'écraser tout le monde pour ressembler à Môman, l'écrivain gay qui ne sait pas se poser dans la vie, l'auteur qui veut adopter mais qui trompe quand même son mari avec un danseur (tu comprends il était sexy tout ça tout ça), le metteur en scène tyranique qui saute sur tout ce qui porte une jupe, le petit ami politicien, la productrice en plein divorce qui veut monter "son" show sans son ex, etc ! 

Bref, rien de bien original dans les personnages. Mais l'écriture nous permet de comprendre chaque étape de la production. Ce qui nous semble être un joli spectacle d'une heure lorsque l'on va au théâtre est en réalité le fruit de nombreux mois (années) de travail et de beaucoup de sacrifices (hey, un peu comme le cinéma en fait!)

Et puis les acteurs sont bons, soyons honnêtes ! de vrais showmen qui jouent, dansent, chantent avec entrain et justesse, ça vaut toujours le coup ! Même Uma Thurman (en super star capricieuse) m'a bluffée. ce rôle lui va comme un gant et la dévoile sous un jour que je ne lui connaissais pas, et qui m'a beaucoup plu. 

 On explique le flop en France par le fait que le public français est moins sensible que le public US aux séries TV musicales. Peut être que c'est vrai, même s'il me parait intéressant de noter que les français aiment tout de même bien Glee... Peut être simplement que le public attendait plus d'une production Spielberg, et peut être également que les éventuels intéressés ne vont pas chercher ce type de programmes sur TF1 ... 

Aux USA après une première saison lancée avec 7 millions de téléspectateurs, une 2ème saison est commandée pour 2013. J'avoue que je l'attends avec impatience !

mercredi 31 octobre 2012

George Lucas a t-il vendu son âme au diable ?


La nouvelle est tombée hier, implacable. Le géant américain Disney rachète LucasFilm, la société de production du créateur de La guerre des étoiles, pour 4,05 milliards de dollars. Le monde est en émoi et la question qui flotte sur toutes les lèvres est la suivante : George Lucas a t-il vendu son âme au diable ?

Voici donc un petit tour d'horizon du web : Citizen Kane, Facebook Twitter, Economie Matin : réactions et interrogations.

Disney, une stratégie de rachat massive.

Disney n’en est pas à son premier rachat. Avant Lucasfilm, Disney s’est offert les studios d’animation Pixar ainsi que la référence de la bande dessinée : Marvel Entertainment. George Lucas a estimé que "la taille et l’expérience de Disney donnent à LucasFilm l’occasion d’ouvrir de nouvelles voies dans les films, la télévision, les médias interactifs, les parcs à thème, le divertissement et les produits de consommation". Lucas détenait jusqu’ici l’entreprise à 100 %. Disney prévoit de payer la moitié des 4,05 milliards de dollars en "cash" et le reste en actions Disney.

En faisant l'acquisition de Lucasfilm, Walt Disney Company prend le contrôle de toutes les divisions de la société basée à San Francisco LucasArts, Industrial Light & Magic, et Skywalker Sound, des sociétés spécialisées dans les effets visuels mais aussi la post production. 

Avec LucasFilm, Disney met également la main sur la franchise des Indiana Jones, gros succès mondial, et Star Wars, la saga aux millions de fans. Il s'agit de l’une des séries de films les plus lucratives de l’histoire du cinéma, avec des recettes cumulées de plus de 4,4 milliards de dollars dans le monde. 

Mais Disney n'achète pas seulement une marque mondialement connue, il achète surtout l'opportunité de la développer sur tous les supports. Après six films cultes, des séries en dessin animés, des livres, des BD, des jouets, des vêtements... il manque surtout un parc à thème destiné aux productions de LucasFilm. On peut donc raisonnablement penser que Disney, qui a une certaine expérience en la matière avec des parcs à thème sur presque tous les continents, pourrait sauter sur l'occasion et construire des parcs à thème Star Wars.

Un septième Star Wars.

Au delà du rachat de la société de production, ce qui met le web en émoi est l'annonce de la sortie de Star Wars VII, prévu en 2015 ! Mieux encore, ce nouvel épisode des aventures de Luke Skywalker, R2 D2, la princesse Amidala, et tous ceux qui seront conservés dans l'histoire, sera le premier d'une trilogie. 

George Lucas devrait participer à l’aventure en tant que consultant, de façon à ce que l'atmosphère et le charme des Star Wars restent les mêmes. "Durant les 35 dernières années, un de mes plus grands plaisirs a été de voir passer Star Wars de génération en génération. Il est maintenant temps pour moi de passer La Guerre des Etoiles à une nouvelle génération de réalisateurs. J'ai toujours cru que La Guerre des Etoiles me survivrait, et je pense qu'il était important de mettre la transition en place de mon vivant".

Réactions du web 

Les réactions des fans sont mitigées, chacun y va de son avis et de sa projection.

Certains fans inconditionnels de George Lucas regrettent que le créateur de Star Wars vende sa société à un géant du marketing qui risque de dénaturer la saga et lui faire perdre de sa valeur culturelle




D'autres fans sont ravis de la sortie de nouveaux films et trépignent déjà d'impatience.
 
 
Alors qui a raison, les puristes ou les autres ? Suite en 2015 !

Les Daleks, stars immortelles de Doctor Who !


Dans le Courrier International de la semaine dernière (oui je suis en retard dans mes lectures ET dans mes notes de blog, vilaine fille), il y a une double page consacrée ... aux Daleks. Pas à Doctor Who à proprement parler, non non, à ses ennemis les plus anciens, les plus maléfiques, les Daleks.

Cet article m'a beaucoup appris sur la psychologie de la série, et par extension sur les techniques scénaristiques mises en place par les auteurs.

Doctor Who a été créé par Terry Nation, c'est à la base une histoire de science-fiction en 7 parties diffusée en début de soirée sur la BBC. Terry Nation avait un autre projet qui lui prenait beaucoup de temps à l'époque, alors il a monté toute l'histoire en une semaine, il écrivait un épisode par jour. 

Le New Statesman, journal Londonien, estime que c'est cet intervale d'écriture très court qui a permis à Nation de créer des personnages aussi attractifs que les Daleks. Il aurait utilisé intensément son inconscient, et les aurait façonnés selon ses peurs les plus profondes. Son père engagé dans l'armée et sa mère travaillant pour la protection civile en janvier 1941 pendant la seconde guerre mondiale, le petit Terry, 10 ans, a passé de nombreuses nuits seul, accompagné de romans d'aventures et de programmes radio de l'époque, sous le souffle des bombes nazis qui détruisaient Cardiff. Plongeant dans ses souvenirs d'enfance, mêlant Jules Verne et la terreur du Blitz, il inventa plus de 20 ans plus tard les Daleks, des nazis réincarnés dans un monde de science-fiction : des machines à tuer anonymes et impitoyables, très portées sur le génocide.


Dès les débuts de la série en 1963, les Daleks eurent un énorme succès. Les enfants surtout les adoraient, sûrement parce qu'inconsciemment ces monstres avaient quelque chose à voir avec l'ancien petit garçon de 10 ans qui les avait créés. Nation a eu beau les tuer dans la série, les téléspectateurs exigèrent leur retour, avec succès ! Le New Statsman affirme que la Dalekmania a été le seul phénomène culturel assez important pour concurrencer la Beatlemania en 1964. 

C'est très étrange que de tels monstres aient eu le succès que l'ont connait. En effet, leur forme est très peu exploitable : il s'agit de boites métalliques peu mobiles et sans aucune expression faciale, incapable de faire preuve du moindre sentiment. Personne ne semble comprendre réellement le pourquoi de cet attachement."C'est un peu comme demander : pourquoi le noir fait-il peur ? Je ne sais pas, c'est comme ça c'est tout" fit remarquer le producteur Russel T. Davies lorsqu'il ressuscita les Daleks en 2005.

Doctor Who fêtera en 2013 son cinquantième anniversaire, et les Daleks sont toujours là. Aujourd'hui toutefois, la signification de ces monstres a beaucoup évolué. Dans les années 60, il était évident pour tout le monde que les Daleks représentaient les nazis, la majorité des téléspectateurs avaient encore en tête les affres de la guerre et la ressemblance sautait aux yeux dès que les Daleks s'alignaient et levaient le bras droit dans un salut déshumanisé "Demain, nous seront les maîtres de la Terre". Dans La genèse des Daleks, en 1975, on fait connaissance avec leur ancêtres, les Kaleds : ce sont des humanoïdes qui portent un uniforme noir, claquent les talons et s'accueillent avec des saluts hitlériens. 


Toutefois, quand Doctor Who revient en 2005, après 30 ans d'interruption, l'Angleterre est un tout autre pays. Les personnes qui se souviennent de la guerre sont retraitées et de nouvelles valeurs ont pris place dans la société. Avec le temps, les monstres ont perdu de leur signification, et sont désormais boudés par les fans et les scénaristes, qui les jugent limités et simplistes. Steven Moffat, producteur et scénariste actuel de la série, déclare vouloir mettre de côté ces antiques adversaires du Docteur.

Cet exemple nous permet de comprendre un peu mieux comment un scénario est construit. Il est constamment ancré dans une époque. Même si le personnage reste, comme ici, le même en traversant les âges, sa psychologie varie en fonction des valeurs que les téléspectateurs sont en mesure de lui associer, de comprendre. L'identification est indispensable pour le bon fonctionnement de la série.

mardi 23 octobre 2012

De la ménagère aux CSP+ : la guerre de l'audience

La définition des catégories d'audience est un sujet sensible pour une bonne raison : elles façonnent le partage des 3,5 milliards d'euros d'investissements publicitaires, et les chaines se battent pour gagner des parts d'audience. Récemment, Nicolas de Tavernost, patron de M6 a exprimé ses inquiétudes sur le marché publicitaire et dénoncé les "contre vérités" qui circulent sur le marché de la TV. Faisons un point.

La population cible de référence : les ménagères de moins de 50 ans

Ce terme a fait son apparition dans les années 60 avec l'avènement de la consommation de masse. La définition marketing est la suivante :  la ménagère de - 50 ans est le "Graal" de l’audience TV, notamment pour les annonceurs de produits de grande consommation. Dans les panels TV et notamment Mediamat, la ménagère est définie comme une femme responsable des achats du foyer qu’elle soit active ou non.

Ainsi donc, ces femmes (11 millions selon Médiamétrie) sont les décideuses d'un foyer et ont le droit de vie ou de mort sur un programme. Elles décident de ce que leur famille va regarder le soir même (le foyer peut être constitué de plusieurs personnes, mais elles sont LA référence), et donc façonnent les achats des chaines de télévision.

Les chaines privées notamment sont très dépendantes de cette population. Cela est dû au lien direct entre les scores d'audience sur les ménagères et les recettes publicitaires engrangées par les chaines. TF1 et M6 détiennent les plus fortes audiences auprès de cette population, avec 44% de parts de marché cumulées sur les ménagères en 2011 selon une étude Yacast (un des leaders sur l'étude du marché publicitaire en France). Leurs scores sur les ménagères sont 10 points plus hauts que sur l'ensemble du public, grâce à des programmes comme par exemple Desperate Housewifes, Un diner presque parfait, Scènes de ménages pour M6 et Mentalist, Masterchef et Danse avec les stars pour TF1.

 La nouvelle population de référence : Les CSP+

Depuis quelques années, émerge une nouvelle catégorie d'audience de référence. Il s'agit des CSP+, les catégories socio-professionnelles supérieures.

Certaines chaines, comme Canal + par exemple, surtout avec le lancement de D8 et D17, en ont fait leur cible prioritaire. La régie de Canal justifie ce choix en déclarant que c'est "la cible la plus fidèle aux marques", en plus d'être la cible la plus apte à débourser chaque mois de l'argent pour un abonnement à la TV payante.

Les CSP+ représentent 13 millions d'invidivus en France, c'est-à-dire un peu plus que les ménagères. Ils sont âgés d'au moins 15 ans et possèdent un emploi de catégorie supérieure : chefs d'entreprise, cadres, commerciaux, professeurs ou encore artisans. On considère que 55% sont des hommes et que les trois quarts ont moins de cinquante ans. 

"Le trésor caché des CSP+, on le cherche encore" Nicolas de Tavernost

Nicolas de Tavernost a réuni récemment une dizaine de journalistes pour dénoncer les "contre-vérités" qui circulent sur le marché de la télévision.

Le patron de M6 se plait à critiquer le groupe Canal+ qui décide de cibler les CSP+ avec ses chaines comme D8. "On nous dit que le CSP+ n'est pas complètement couvert. C'est faux, il y a un excès d'offre sur le marché des CSP+. Paris Première (chaîne du groupe M6), qui est la chaîne qui a le plus d'affinité avec les CSP+ devant Canal+, rencontre même de vraies difficultés pour vendre ses écrans publicitaires alors qu'ils sont très bon marché" 

"Le CSP+ ne représente que 6% du marché de la télévision et il a perdu un quart de sa valeur depuis 5 ans", ajoute Ronan de Fressenel, directeur général adjoint de la régie M6 Publicité. Ce dernier a présenté un cours sur les CSP+ aux journalistes présents. "Qu'on ne nous fasse pas rigoler sur le trésor caché des CSP+, on le cherche encore !", reprend Nicolas de Tavernost. En réalité, M6 considère que Canal+ et ses nouvelles chaînes D8 et D17, contrairement à ce qu'elles avouent, ne visent pas particulièrement les CSP+, mais bien toutes les cibles publicitaires, à commencer par les ménagères de moins de 50 ans, très recherchées par TF1 et M6.

C'est donc à une bataille générale d'audience plus violente encore que précédemment que nous allons participer en allumant nos écrans. L'arrivée du groupe Canal + sur la TV gratuite a ébranlé les habitudes du marché et risque de modifier la totalité du secteur. Et vous, que pensez-vous de l'avenir de la TV gratuite ?

mercredi 10 octobre 2012

La folie des programmes courts

En voilà un sujet actuel et intéressant ! En mars 2012, dans son bilan sur la production audiovisuelle aidée en 2011, le CNC révelait l'engouement des chaînes pour les programmes courts ou "shortcoms" : "le volume des séries de format court atteint son plus haut niveau depuis 2005." On constate une augmentation sur un an de 29 heures à 93 heures. Quand même !

 A mi-chemin entre le sketch et la comédie, la shortcom fait fureur depuis cet été : lancement de Nos chers voisins sur TF1, installation d'En famille sur M6, création de La minute vieille sur Arte. Et depuis fin août, Sophie et Sophie ont remplacé Bref au grand journal de Canal+. Je vous les conseille, en passant, elles tombent souvent juste ! J'ai beaucoup aimé leur clin d'oeil au SAV d'Omar et Fred dans l'épisode "Cannabis" lorsque Sophie lance à un collègue mécontent à qui elle a vendu de l'herbe "Hey, on est pas le SAV nous, tu te crois où ?!" Vidéos visibles ici.

L'héritage Canal+

Pour Canal+, leus shortcoms actuels s'inscrivent dans une longue tradition. Souvenez-vous des Deschiens, de La minute blonde, du SAV etc. Arielle Saracco, directrice de la création originale, admet que "ce sont des éléments identitaires de la chaîne. Mais ils doivent être audacieux, inscrits dans leur époque. Surtout ils ont vocation à faire émerger de nouveaux talents." En clair pour Canal+, les shortcoms sont un moyens de révolutionner les codes de la production en proposant régulièrement des choses nouvelles, transgressives ou décalées. 

Les autres chaînes s'y mettent progressivement et cherchent la bonne formule, en adéquation avec leur cible. TF1, après la diffusion de Que du bonheur en 2008, a attendu 2012 pour diffuser à nouveau un programme court : Nos chers voisins. Pour Nathalie Laurent, directrice de la fiction de la chaîne, "ce qui compte, c'est que ça marche".  
Une stratégie identitaire 

"Presque tous les programmes courts ont à leur manière renouvelé le genre" déclare Sophie Gigon, directrice de la coordination et de la stratégie en fiction à France Télévisions. En effet, Kaamelott, par exemple, a prouvé qu'on pouvait créer du court sur le territoire historique. Depuis Un gars une fille en 1999, adaptation d'un format québécois, les shortcoms ont posé quelques références. Comme les 700 épisodes de Caméra café par exemple, première création 100% française, ou plus récemment Scènes de ménages, adaptation d'un format espagnol qui met en scène un sujet universel : les relations de voisinage. 

Mais les programmes courts, cela permet surtout à une chaîne de construire une stratégie identitaire, en créant des marques de programmes. "Et cela coûte moins cher et c'est moins risqué avec ce type de production" déclare Anne Holmes, directrice de la fiction de France 3. Par exemple Arte lance La minute vieille, en adéquation avec son public cible, et met en place des liens plus étroits avec ses téléspectateurs grâce à ce type de programme, qui permet une plus grande liberté de ton, une certaine autodérision également.

De très nombreux avantages

Avec l'évolution des thèmes et du public, de nombreux avantages apparaissent à la création de programmes courts. Premièrement, une chaîne ne peut plus tenir avec une seule série, elle doit en trouver d'autres. Les équipes travaillent en flux tendus et tout va plus vite. Nathalie laurent parle de processus industrialisé "Ce mode de fonctionnement permet de commander des volumes importantset donc d'optimiser les investissements". 

D'autre part, de très nombreux auteurs et nouveaux talents travaillent sur ces projets jeunes et dynamiques. Cela représente pour les chaînes un énorme vivier de talents où piocher lorsqu'il faut un scénariste ou un auteur pour un autre type de production. Il est possible d'évoluer et de travailler à terme sur d'autres formats, par exemple des séries plus longues.

De plus, les shortcoms permettent une excellente adaptation au web. Sophie et Sophie sur Canal+, spin off de Working Girls, autre série Canal, permet de créer une réelle synergie de marque ainsi que des liaisons avec le site de Canal+. Par exemple, une page spéciale intitulée "Bonjour Workingirl, la page qui vous donne envie d'aller travailler" propose aux internautes de poster des photos d'elles. Chaque jour, une femme est sélectionnée comme étant la "workingirl du jour" visible ici. 

mardi 9 octobre 2012

La "télé enrichie", ou comment la télé s'adapte au web

Une télévision connectée

La télévision "enrichie" est un terme que Le Monde emploie dans un article récent à propos de l'offre télévisée actuelle. Cet article, intitulé Deux écrans sinon rien présente les évolutions d'un marché où les consommateurs n'ont de cesse de modifier leurs habitudes et d'utiliser au maximum tous les écrans qui sont à leur disposition, de façon simultanée.

Les producteurs et les chaines de télévision adaptent leur offre au marché actuel. Désormais, la télévision et le deuxième écran, une tablette ou un smartphone généralement, ne parlent plus chacun de son côté, ils se répondent et se complètent. 

Des études menées par M6 et Google montrent une grande évolution dans les comportements des téléspectateurs. Auparavant totalement absorbés par la télévision, désormais plus des trois quarts regardent un autre écran pendant la diffusion des programmes. Pour 50%, ce qu'ils font sur le deuxième écran est lié au programme qu'ils sont en train de regarder à la télévision. Ils communiquent entre eux, sur les réseaux sociaux par exemple, à propos du programme qu'ils regardent, ou recherchent des informations concernant ce programme. 

La télévision enrichie est donc un moyen de canaliser ces téléspectateurs qui se dispersent, de les faire interagir avec le programme et la chaine. Toutes les chaines de télévision ou presque s'adaptent à leurs téléspectateurs et proposent une "rentrée numérique"


L'actu "enrichie" des chaines de télévision

TF1 : Après l'émission de divertissement Danse avec les stars présentée par Sandrine Quétier et Vincent Cerutti, TF1 met en place Danse avec les stars : la suite. Les internautes commentent l'émission en direct, via leur smartphone ou ordinateur, et leurs réactions nourrissent la deuxième partie de l'émission. Le "hors télé" est réintroduit dans la télévision grâce à l'after show.

France 2 et France 3 mettent en place La Zouzous WebTV. Destinée aux petits (3 à 6 ans), elle permet, dans un espace sécurisé, de regarder en direct ou en rattrapage, de 7 heures à 21 heures, les vidéos des héros animés de France Télévisions. Actualités, minuteur et jeux complètent le dispositif.

France 4 lance la websérie Les opérateurs. Je profite de cet article pour vous présenter ce programme qui m'a particulièrement plu. Il a été créé par Taronja Prod (filiale du groupe Telfrance) et présente le monde de l'entreprise sous la forme d'une comédie absurde. Il sera diffusé sur le site de la chaine France 4 à partir du 13 Octobre. En attendant vous pouvez voir le trailer Allociné ici.

France 5 : A partir du dimanche 14 octobre, Le vinvinteur nous offre une plongée dans l'univers du Web en compagnie du blogueur Vinvin. Une émission participative réalisée avec les internautes via un espace dédié en ligne. De plus, avec Anarchy, la chaîne entend lancer le "premier programme transmédia" où les narrations Web, télé et tablettes/mobiles vont interagir. Chacun pourra ainsi participer à l'écriture de la série, mais aussi aux destinées des personnages.

Chez Canal+ Le jeu "Inside Engrenages" accompagne la diffusion de la série. L'occasion de se glisser dans la peau d'un web-reporter qui dispose de sept jours pour démêler une intrigue originale au contenu évolutif et multimédia. A tester sur : Engrenages.canalplus.fr

M6 : Les téléspectateurs de Top chef retrouveront, en cours d'émission, la recette sur leur deuxième écran via la fonctionnalité "Devant ma TV". Des contenus complémentaires seront également proposés lors des moments-clés de l'émission. "Le principe est de mettre un peu d'ordre dans le bruit numérique en provenance des réseaux", analyse Valéry Gerfaud, directeur général de M6 Web. Il s'agit de canaliser des conversations et les échanges sur Twitter pour proposer un contenu cohérent qui permette d'enrichir le programme.

Des programmes transmédias et des projets ambitieux

Récemment, TF1 a monté un partenariat avec l'application Shazam TV. Cela donne un aperçu de l'avenir de ces nouvelles interfaces avec le téléspectateur. Véritables "facilitateurs", elle permettront aux internautes d'accéder en quelques secondes et très peu d'efforts aux contenus complémentaires des émissions, simplement en écoutant ou en filmant le programme diffusé.

La télévision tente ainsi de tier profit au maximum des possibilité que lui offre le web. Après les gadgets, elle met désormais en place une véritable intégration des flux provenant du net avec ceux des chaînes. "Pour les mois à venir, nous allons mettre encore plus l'accent sur les trois axes majeurs que sont la "social TV", la télé connectée et les écritures numériques, tout en continuant de disséminer le numérique dans la maison France Télévisions", déclare Bruno Patino, directeur général délégué au développement numérique et à la stratégie chez France Télévisions. Après avoir lancé les applications mobiles pour voir et revoir les programmes du groupe en rattrapage, intégré les journaux télévisés sur Facebook , France Télévisions proposera dans les prochains mois "FranceTV Sport" et "FranceTV Education". Deux plateformes numériques qui regrouperont des contenus liés à ces thématiques.

Pour anticiper l'avenir, les chaines tentent aussi d'imaginer de nouvelles écritures transmédias pour leurs programmes. France Télévisions a ainsi créé un département d'une dizaine de personnes chargées d'inventer les narrations futures où les différents écrans utilisés par les téléspectateurs se répondront mutuellement.
Pour David Carzon, responsable du pôle Web d'Arte "Il faut favoriser le lien entre les différents supports, . Nous travaillons depuis l'année dernière, en amont, avec chaque unité de programmes, pour détecter les projets porteurs et en proposer la réalisation du versant Web."

Les producteurs s'attaquent au web : des chaines de télévision sur Youtube

Au delà des chaines de télévision, les producteurs eux-mêmes s'attaquent à l'univers du net. YouTube a confirmé le lancement en France de treize chaînes de télévision en ligne, avec des contenus spécialement conçus pour ce support dans des domaines comme la santé, la comédie, l’actualité et le people. De gros producteurs comme Endemol France, Groupe Aufeminin, Euronews, Capa Prod ou Lagardère Active vont mettre en ligne dans les prochains jours ou semaines leurs chaînes thématiques et gratuites. 

Sans être des chaînes de flux comme à la télévision, ces espaces thématiques proposeront des contenus (séries, magazines, plateaux, reportages, etc.) originaux, plutôt courts et spécialement créés pour ce support."Ce ne sont pas des chaînes télé, ce sont des espaces thématiques YouTube. C’est pas du linéaire, c’est pas du direct (...) on est dans un modèle à la demande. Par rapport à une chaîne de télé classique, qui elle est impliquée dans l’éditorial, la programmation, nous, aujourd’hui, ce n’est pas notre métier", a précisé Christophe Muller, directeur des partenariats YouTube Europe du Sud, de l’Est et Moyen-Orient.

"C’est le prolongement naturel de notre métier et c’est aussi une diversification. Jusqu’à présent, on produisait une émission et la chaîne qui diffusait s’occupait du marketing. Là, on va devoir le faire nous-mêmes", a détaillé Justine Ryst, responsable du digital et de la diversification chez Endemol France, qui lance la chaîne It’s Big qui couvrira le monde de l'entertainment et des célébrités. Capa lancera quant à elle Rendez-vous à Paris, une chaîne sur la vie parisienne. 

Les producteurs se lancent donc à l'aventure mais se laissent néanmoins une marge de manoeuvre. "Ca reste un laboratoire, nous avons une approche très humble vis-à-vis de ce projet" affirme Justine Ryst, directrice du digital et de la diversification chez Endemol France. "La beauté du modèle, c'est qu'on a la liberté pour ajuster nos formats, par exemple : est-ce qu'il faut créer des rendez-vous comme à la télé et entrer dans la logique des grilles ? Ce n'est pas sûr. Il faut surprendre l'audience." Capa suit la même optique "Est-ce que tout de suite c'est une super affaire ? Non, c'est un investissement sur le long terme. Parce ce que ça nous semble fondamental pour demain."   

Pour voir le teaser de It's big c'est ici