mercredi 31 octobre 2012

Les Daleks, stars immortelles de Doctor Who !


Dans le Courrier International de la semaine dernière (oui je suis en retard dans mes lectures ET dans mes notes de blog, vilaine fille), il y a une double page consacrée ... aux Daleks. Pas à Doctor Who à proprement parler, non non, à ses ennemis les plus anciens, les plus maléfiques, les Daleks.

Cet article m'a beaucoup appris sur la psychologie de la série, et par extension sur les techniques scénaristiques mises en place par les auteurs.

Doctor Who a été créé par Terry Nation, c'est à la base une histoire de science-fiction en 7 parties diffusée en début de soirée sur la BBC. Terry Nation avait un autre projet qui lui prenait beaucoup de temps à l'époque, alors il a monté toute l'histoire en une semaine, il écrivait un épisode par jour. 

Le New Statesman, journal Londonien, estime que c'est cet intervale d'écriture très court qui a permis à Nation de créer des personnages aussi attractifs que les Daleks. Il aurait utilisé intensément son inconscient, et les aurait façonnés selon ses peurs les plus profondes. Son père engagé dans l'armée et sa mère travaillant pour la protection civile en janvier 1941 pendant la seconde guerre mondiale, le petit Terry, 10 ans, a passé de nombreuses nuits seul, accompagné de romans d'aventures et de programmes radio de l'époque, sous le souffle des bombes nazis qui détruisaient Cardiff. Plongeant dans ses souvenirs d'enfance, mêlant Jules Verne et la terreur du Blitz, il inventa plus de 20 ans plus tard les Daleks, des nazis réincarnés dans un monde de science-fiction : des machines à tuer anonymes et impitoyables, très portées sur le génocide.


Dès les débuts de la série en 1963, les Daleks eurent un énorme succès. Les enfants surtout les adoraient, sûrement parce qu'inconsciemment ces monstres avaient quelque chose à voir avec l'ancien petit garçon de 10 ans qui les avait créés. Nation a eu beau les tuer dans la série, les téléspectateurs exigèrent leur retour, avec succès ! Le New Statsman affirme que la Dalekmania a été le seul phénomène culturel assez important pour concurrencer la Beatlemania en 1964. 

C'est très étrange que de tels monstres aient eu le succès que l'ont connait. En effet, leur forme est très peu exploitable : il s'agit de boites métalliques peu mobiles et sans aucune expression faciale, incapable de faire preuve du moindre sentiment. Personne ne semble comprendre réellement le pourquoi de cet attachement."C'est un peu comme demander : pourquoi le noir fait-il peur ? Je ne sais pas, c'est comme ça c'est tout" fit remarquer le producteur Russel T. Davies lorsqu'il ressuscita les Daleks en 2005.

Doctor Who fêtera en 2013 son cinquantième anniversaire, et les Daleks sont toujours là. Aujourd'hui toutefois, la signification de ces monstres a beaucoup évolué. Dans les années 60, il était évident pour tout le monde que les Daleks représentaient les nazis, la majorité des téléspectateurs avaient encore en tête les affres de la guerre et la ressemblance sautait aux yeux dès que les Daleks s'alignaient et levaient le bras droit dans un salut déshumanisé "Demain, nous seront les maîtres de la Terre". Dans La genèse des Daleks, en 1975, on fait connaissance avec leur ancêtres, les Kaleds : ce sont des humanoïdes qui portent un uniforme noir, claquent les talons et s'accueillent avec des saluts hitlériens. 


Toutefois, quand Doctor Who revient en 2005, après 30 ans d'interruption, l'Angleterre est un tout autre pays. Les personnes qui se souviennent de la guerre sont retraitées et de nouvelles valeurs ont pris place dans la société. Avec le temps, les monstres ont perdu de leur signification, et sont désormais boudés par les fans et les scénaristes, qui les jugent limités et simplistes. Steven Moffat, producteur et scénariste actuel de la série, déclare vouloir mettre de côté ces antiques adversaires du Docteur.

Cet exemple nous permet de comprendre un peu mieux comment un scénario est construit. Il est constamment ancré dans une époque. Même si le personnage reste, comme ici, le même en traversant les âges, sa psychologie varie en fonction des valeurs que les téléspectateurs sont en mesure de lui associer, de comprendre. L'identification est indispensable pour le bon fonctionnement de la série.

1 commentaire:

  1. naaaan supprimez pas les Daleks !!!!! naaaan !!! EXTERMINATE !!! EXTERMINATE !!!!!

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